Les canaux de recherche, offres et demandes de postes ne sont pas concordants
Difficile de décrocher une place pour les étudiants, et de trouver un «bon» profil pour les entreprises
Uniquement la moitié des entreprises est satisfaite de ses stagiaires. Elles dénoncent surtout le manque d’assiduité des candidats (61%), leur faible autonomie et organisation (50%), ainsi que leur défaut de communication (47%) et d’esprit d’initiative (39%). Bref, tout ce que le système de formation ne leur apprend pas. Les stagiaires aussi sont 50% à ne pas avoir apprécié leur dernière expérience en entreprise. Principales sources d’insatisfaction: la rémunération offerte (80%), la délégation et la responsabilisation (52%), l’autonomie et la marge de manœuvre (48%)
Les entreprises ont de plus en plus recours aux stagiaires, souvent considérés comme des palliatifs à des recrutements trop chers. Près de 62% déclarent en accueillir, selon le baromètre 2015 du site Stagiaires.ma (4.600 étudiants et 520 employeurs), contre 41% en 2014 et 38% en 2013. Ceci est a priori une bonne nouvelle pour les jeunes, surtout que les stages sont plus souvent rémunérés. Les deux tiers des entreprises accordent des primes et avantages. La moitié offre moins de 1.000 DH, et plus du tiers entre 1.000 et 2.000 DH.
Mais les choses ne sont pas aussi simples que cela. La majorité des chercheurs de stage (89%) trouve des difficultés à en décrocher un. Principalement en raison de l’inaccessibilité des décideurs en entreprise (98%), du manque de suivi de leur candidature et du défaut de réactivité de l’entreprise. Par ailleurs, le canal de recherche qu’ils utilisent n’est pas toujours celui des employeurs. Les étudiants comptent d’abord sur leur école pour leur dénicher un stage (64%). Ils scrutent ensuite les sites spécialisés (59%), vérifient du côté de leur entourage et connaissances (44%), puis des réseaux sociaux (38%). Les entreprises, elles, pour pratiquement les deux tiers, regardent d’abord dans leur cvthèque interne. Pour cibler la génération Y, elles vont ensuite prospecter dans les réseaux sociaux (47%), puis dans les sites de stages et recrutement (47%). Les écoles ne se classent qu’en 4e position. Cela dit, ce n’est pas facile pour les organisations non plus (à 87%) de tomber sur un «bon» profil. Près de 92% des employeurs se heurtent au manque de réactivité des écoles, et de sérieux des candidats (73% le déclarent) qui ont la fâcheuse manie de s’absenter le jour de l’entretien. Les entreprises pointent aussi du doigt la «qualité» des profils (69%).
En matière d’offre et de demande, employeurs et étudiants ne sont pas vraiment sur la même longueur d’onde. Tandis que les sociétés proposent des postes en majorité dans le commercial, la production & technique, finance & gestion et informatique, les jeunes sont surtout à l’affût de places dans les départements achat & logistique, marketing & communication et à la production & technique. Les managers ont besoin de durées de stage plutôt longues: 51% demandent des disponibilités de 3 à 6 mois et 29% de 6 mois et plus. Au niveau des jeunes, le tiers cible des stages de 1 à 3 mois et 42% de 3 à 6 mois.
Quoi qu’il en soit, les jeunes ont tout intérêt à postuler pour un maximum de stages. Selon l’enquête, 93% des stagiaires ayant intégré le marché du travail ont effectué au moins 3 stages durant leur cursus universitaire. Et plus ils se spécialisent, plus ils deviennent employables.
Ahlam NAZIH
Source : http://www.leconomiste.com/article/978134-stagiaires-et-employeurs-en-total-decalage