mdd.ma – Stages dans l’impasse

Selon une étude réalisée par Stagiaires.ma, le tiers des managers se déclarent satisfaits de leurs stagiaires. L’étude, menée sur un échantillon de 2 800 étudiants du cycle supérieur ayant effectué au moins un stage et de 310 managers RH et non-RH, montre aussi que 45% des stagiaires sont tout aussi insatisfaits de leur stage. Il y a là un problème profond que nous explique Youssef El Hammal, fondateur de www.stagiaires.ma

 

Les chiffres montrent qu’il y a quand même un sacré gap entre les besoins des entreprises et les attentes des stagiaires. Quelles sont vos interprétations? 

Avant d’interpréter les résultats de cette enquête, il faut revenir sur les objectifs et les raisons que nous ont poussé à lancer cette étude. Stagiaires.ma a été lancé il y a un an pour répondre à la problématique de recherche de stagiaires par la Managers non RH. Nous nous sommes rendu compte que, en plus du manque d’indicateur sur le secteur des stages au Maroc, qu’il y avait une inadéquation entre les besoins des managers et l’existent en termes de profils étudiants. Les managers que nous avons pu rencontrer se plaignaient d’un manque d’accès aux stagiaires malgré la mise à disposition de ces stagiaires d’une formation complémentaire, un accompagnent et des propositions de recrutement à la fin de la période de stage. De l’autre côté, les étudiants que nous avons rencontrés arrivaient difficilement à choisir leur stage (mission, département,..) et surtout à mettre en pratique leur apprentissage.

C’est de là que nous avons eu l’idée de lancer un baromètre pour pouvoir sortir avec des indicateurs nous permettant de suivre l’évolution du marché des stages et stagiaires et que nous mettons gratuitement à la disposition des écoles, entreprises et associations professionnels pour les aider à mieux cerner la problématique de placement des étudiants dans l’entreprise.

Avez-vous réussi à identifier la raison profonde? 

Nous pensons que la vraie raison derrière cette inadéquation est liée à la facilité avec laquelle les Managers peuvent accéder à des profils de stagiaires qualifiés. Pourvoir comparer entre plusieurs profils, choisir ceux qui correspondent à notre besoin et surtout pouvoir préparer leur intégration dans l’équipe en leur attribuant une mission claire et en mettant à leur disposition des outils de travail… augmenterait le degré de satisfaction des Managers par rapport aux stagiaires.

Ce constat s’applique aussi aux étudiants, qui doivent avoir la possibilité de choisir le département et la mission de leur prochain stage.

Très souvent, les stagiaires débarquent en été, période où on leur donne du travail de desk ou d’autres «corvées». Cette pratique explique-t-elle leur démotivation?

L’étude a révélé que plus de 80 % des Managers questionnés déclare avoir un besoin en termes de stagiaires. Mais que seulement le 1/3 passe à l’acte car considère que le processus de recherche de stagiaires est assez long et coûteux.

Aussi, les Managers expriment avoir un besoin en termes de stagiaires sur toute l’année. L’idée selon laquelle un stagiaire est recruté pour « faire des photocopies » est révolue ou du moins ne s’applique pas à toutes les entreprises. Les Managers appartenant à des PME et TPE ont déclaré dans plus de 80% des cas faire appel à des stagiaires pour répondre à une charge de travail. Aussi, ces mêmes managers affirment confier des missions avec problématiques à ces étudiants dans l’objectif de mettre en application les recommandations de ces stagiaires.

Toutefois, le choix « de dernière minutes » du stage ou du stagiaire ne sert ni les intérêts de l’étudiant ni ceux de l’entreprise.

A partir de cette étude, tissez-nous le bon modèle d’une relation entreprise/stagiaire, quel genre de liens, quelles tâches, quel résultats, quel niveau de rémunération…?

La CGEM a publié en début de cette année une feuille de route avec des propositions pour l’amélioration de l’employabilité des jeunes pour les années à venir. Une des propositions citée dans cette feuille de route est d’obliger les étudiants à passer 25% de leur temps de formation en entreprise.

Cette proposition, si elle est prise en considération dans les prochaines réformes de l’Education nationale, permettra de revaloriser les stages en entreprise et aboutira à la mise en place d’une vraie réglementation pour le marché des stages et stagiaires : durée des stages, responsabilité des écoles, entreprise et étudiants, montant de la prime de stage,…

 

Source : http://bit.ly/14SCAQO