La plateforme Stagiaires.ma a sondé près de 48 000 étudiants et 1 000 recruteurs pour la 4e édition de son baromètre du marché des stages. Hausse sensible des recrutements, insatisfaction généralisée, difficultés rencontrées…, les principaux constats de l’enquête.
Stagiaires.ma, plateforme de mise en relation entre étudiants et recruteurs, vient de publier sa dernière édition du Baromètre du marché des stages au Maroc.
Une grande nouveauté cette année, l’enquête a été réalisée sur un échantillon de 48000 étudiants ayant effectué au moins un stage et de 1 000 recruteurs (contre 4 600 étudiants et 520 recruteurs pour l’édition précédente).
«L’essentiel du questionnaire a été administré en ligne auprès de 40 000 étudiants et le nombre d’entreprises participantes a plus que doublé. Cette édition, qui a été effectuée entre août et novembre 2016, apporte plusieurs nouveaux indicateurs : la situation du marché des stages selon la taille de l’entreprise et en fonction du type d’école (privée ou publique)», précise Youssef El Hammal, DG de Stagiaires.ma.
Les recrutements de stagiaires augmentent sensiblement
Le baromètre montre que le taux de recrutement des stagiaires a fait un bond sensible en 2016, passant à 78% (contre 62% en 2015), soit une hausse de plus de 100% en 4 ans ! Le besoin en stagiaires a connu également une hausse, passant de 87% en 2015 à 93% en 2016.
Parmi les canaux utilisés, le web asseoit son positionnement : les réseaux sociaux et les Job Boards (sites spécialisés) occupent les premières places avec respectivement 68% et 67%. La Cvthèque interne des entreprises se hisse à la 3e marche du podium avec 59%.
De fortes variations selon la taille de l’entreprise sont aussi observées. En effet, plus l’entreprise est petite, plus le recours aux réseaux est important: 98% pour la TPE, 84% pour la PME et 21% pour la Grande Entreprise (GE).
C’est cependant le contraire pour les Job Boards : plus la taille de l’entreprise est importante plus le recours aux sites spécialisés est prisé (89% pour la GE, 78% pour la PME et 33% pour la PME).
Du côté des demandeurs de stage, les sites spécialisés dépassent légèrement les réseaux sociaux (61% contre 58%), suivis respectivement des contacts personnels/professionnels (37%), des écoles (35%), des candidatures spontanées (32%) et des forums d’emploi (28%).
Par type d’école, le privé investit plus le digital que le public : 61% des étudiants du privé ayant trouvé un stage l’ont obtenu grâce à leurs écoles contre seulement 8% pour le public. «Le privé est plus actif en matière de stage pour ses étudiants. Cette situation s’explique par le fait que les écoles et universités privées disposent d’un encadrement et d’un suivi et surtout d’un département dédié aux stages», commente M. El Hammal.
Les étudiants ont toujours du mal à entrer en contact avec les entreprises
Cette 4e édition du baromètre confirme l’écart constaté entre les besoins et attentes des stagiaires et ceux des recruteurs.
Du côté des recruteurs, 81% des managers interrogés disent rencontrer des difficultés dans leur recherche de stagiaires. Une situation plus pressante chez les TPE (98%) et les PME (86%).
Les difficultés rencontrées sont principalement liées à l’absence du demandeur de stage lors de l’entretien (72%), de la réactivité de l’école (71%) et de la qualité des profils recherchés (63%), alors que l’abandon du stage et la disponibilité des stagiaires sont moins fustigés (38% et 31% respectivement).
Pour la période de recrutement de stagiaires, le pic se situe au niveau du 2e trimestre (82%), suivi de loin des 2e et 3e trimestres (57% et 51%).
En termes de temps, les recruteurs privilégient les stages de moyenne et longue durée, soit 53% pour les stages de 3 à 6 mois et 31% pour les stages de 6 mois et plus. Ce qui représente plus de 80% par sommation.
Du côté des étudiants, on pointe du doigt surtout les difficultés liées à la prise de contact avec le décideur (71%) et au suivi de la candidature (64%). Une bonne proportion des demandeurs de stage (54%) a encore des difficultés en matière de choix de l’entreprise.
A noter aussi que les 1er et 2e trimestres sont les plus demandés (31% et 46% respectivement), tandis qu’en termes de durée, les stages de 3 à 6 mois (38%) l’emportent sur ceux de 1 à 3 mois (26%) et 6 mois et plus (26%).
5% des recruteurs offrent une prime de stage supérieure à 3 000 DH
Aussi bien du côté des recruteurs que des stagiaires, la satisfaction n’est toujours pas au rendez-vous. Par sommation, plus de la moitié des managers (55%) sont insatisfaits de leurs derniers stagiaires. Un taux d’insatisfaction presque identique chez les stagiaires (53%).
Cette insatisfaction chez les stagiaires va crescendo selon la taille de l’entreprise : le taux est seulement de 28% chez la TPE contre quasiment 90% chez la grande entreprise, avec une variation moindre chez la PME (44%).
Les raisons de cette insatisfaction généralisée diffèrent selon les parties. Alors que les recruteurs imputent cela principalement au défaut de l’esprit d’initiative, de l’atteinte des objectifs, de l’écoute active et de l’assiduité et de la ponctualité, les étudiants, pour leur part, pointent du doigt les horaires de travail, l’accompagnement et l’encadrement, le non versement d’indemnités de stage et l’octroi d’autres avantages.
Sur ce dernier point, le baromètre a révélé que seulement 5% des recruteurs offrent une prime de stage supérieure à 3 000 DH, alors que 73% des primes offertes ne dépassent pas 2 000 DH.
En termes d’avantages en nature, 28% des managers offrent des frais de transport et 24% la restauration. Une importante proportion (41%) n’accorde aucun avantage en nature.
Curieusement, la TPE semble être plus «généreuse» que la GE (81% contre 34%).
Les recruteurs privilégient la spécialisation
Par ailleurs, l’enquête confirme l’étroite corrélation entre le stage et l’emploi : le premier étant un véritable tremplin pour accéder au second. 68% des stagiaires qui ont intégré le marché du travail l’ont réussi durant leur période de stage contre uniquement 4% pour ceux qui ont fait plus de 6 mois de recherche.
Plus le nombre de stages effectués et l’expérience cumulée en stage sont nombreux, plus les étudiants ont la chance d’intégrer rapidement le monde du travail. En effet, les stagiaires qui ont effectué trois stages ou plus ont largement plus de chance que ceux qui en ont fait moins (entre 67% et 86% contre 2% à 37%).
Enfin, l’autre élément important concerne la spécialisation pendant les stages. Le baromètre montre que les recruteurs privilégient les stagiaires qui effectuent plusieurs stages dans un même domaine.
Source : http://lavieeco.com/news/la-vie-eco-carrieres/organisation-des-stages-entreprises-et-etudiants-ne-sont-pas-sur-la-meme-longueur-donde.html